Quand on ne voit pas tout, on ne voit rien.
On entend généralement parler duveau ou du bœuf comme étant les viandes les plus impactantes pour l’environnement,mais c’est en réalité la viande d’agneau !
L’empreinte environnementale de la viande d’agneau est environ 3 fois supérieure à celle de bœuf, 9 fois plus élevée que celle de poulet et 10 fois plus importante que celle de porc.
Deux raisons majeures expliquent ces écarts :
- La quantité de matière inexploitable pour un usage alimentaire (ex. l’appareil digestif) varie en fonction des différents types d’animaux et l’agneau fait partie des animaux qui en génèrent le plus.
- Du fait de sa digestion, l’agneau et plus généralement les ruminants émettent beaucoup plus de gaz, en particulier du méthane que les autres familles d’animaux. Le méthane est un gaz à effet de serre 28 fois plus impactant que le dioxyde de carbone (CO2).
Les conclusions de l’analyse de Glimpact, selon la méthode PEF (adoptée par la CE, la seule objet d’un consensus scientifique), sont issues de données moyennes observées dans les exploitations agricoles françaises et des meilleures sources reconnues (Base Agribalyse de l’INRAE/ADEME, EU et données Glimpact…). Pour autant, certaines exploitations peuvent agir par des pratiques d’élevage spécifiques pour parvenir à réduire considérablement l’impact environnemental de leur production (ex. méthaniseur agricole).
La viande rouge est souvent pointée du doigt pour son fort impact environnemental et notamment la viande de bœuf.En réalité, ce n’est pas le cas, car en la matière, c’est la viande d’agneau qui est la plus impactante. Il convient ainsi de nuancer ce propos et de bien comprendre l’origine des différences d’impact au sein des différentes variétés de viandes.
Selon la méthode PEF adoptée par la CE (et la seule qu’elle reconnait à ce jour), l’impact environnemental doit tenir compte de 16 catégories d’impact évaluées tout au long du cycle de vie des produits. Il se définit par un score agrégeant par normalisation et pondération les différents résultats obtenus pour chaque impact et est exprimé en point (Pt) sur une échelle continue. Ce score, le seul éco-score qui vaille, permet de comparer les produits entre eux au sein d’une même catégorie ou de catégories différentes.
Comme le montre le graphique ci-dessous, quasiment 10 fois plus impactant que la viande de porc, la viande d’agneau est de loin la viande avec l’empreinte environnementale la plus grande parmi celles comparées ici.
Ce classement peut, tout d’abord, s’expliquer par les différences physiologiques qui distinguent ces animaux. En effet, selon l’espèce, l’animal produira plus ou moins de viande par rapport à la quantité de nourriture ingérée et de soins qu’il nécessite tout au long de son cycle d’élevage.
Cependant, les deux plus gros facteurs d’impacts sont le rendement de production de viande selon les espèces et les émissions de méthane :
Parlons d’abord du rendement de production de viande. Pour la viande, on peut considérer le rendement d’abattage ou rendement de carcasse, correspondant au rapport entre le poids de l’animal vif et la masse de sa carcasse avant débitage (ensemble des parties consommables), pour mettre en évidence les pertes. Généralement, les pertes entre les deux états sont les suivantes : cinquième quartier (abats), appareil digestif, pertes avant l’abattage (transport, jeûne), ressuage et maturation (séchage). Une comparaison de ces rendements tels que définis précédemment permet de mettre en évidence la quantité de perte par animal.
Comme on peut le constater sur legraphique précédent, le rendement d’abattage de l’agneau est nettementinférieur à celui du porc ou du poulet. Ainsi, à quantité de viande commercialisée égale, l’agneau génèrera plus de pertes que celles générées parla viande de porc ou de poulet et nécessitera donc une production plus grande pour une quantité comparable de viande.
Par ailleurs, l’agneau appartient à la famille des ruminants. La digestion des ruminants génère du méthane, un gaz 28 fois plus impactant que le CO2 sur l’enjeu du changement climatique (sur un horizon de 100 ans). Les émissions de gaz à effet de serre représentent près de 30 % de l’impact environnemental de la viande d’agneau avec près de 13 kg CO2 équivalent. Et sur cette catégorie d’impact, la viande d’agneau est également beaucoup plus impactante que toutes les autres viandes considérées ici. En effet, ses émissions de CO2 sont quasiment 2 fois plus élevées que pour la viande de bœuf, et 12 fois supérieures que pour la viande de porc.
Certaines études proposent cependant aux agriculteurs des régimes alimentaires (forte teneur en grains, compléments oléagineux ou graines de lin) de nature à réduire la fermentation lors de la digestion des ruminants et ainsi réduire leurs émissions de méthane. Pour le bœuf, ces études annoncent des réductions potentielles de 10 à 30 % des émissions de méthane. Des améliorations significatives qui pourraient se généraliser dans les années à venir.
En conclusion, l’impact environnemental de la viande d’agneau est clairement beaucoup plus important, toute chose égale par ailleurs, à celui des autres variétés de viande, et ce compris celle de bœuf. Néanmoins, plusieurs leviers existent pour les éleveurs d’agneaux pour réduire sensiblement l’impact environnemental global de leurs élevages.
L’impact environnemental calculé ne tient pas compte de la phase d’utilisation (stockage réfrigéré du consommateur, cuisson, lavage des ustensiles et de la vaisselle nécessaire à la préparation). Les résultats ont été rapportés au kilogramme de viande consommable désossée sans prendre en compte les enjeux nutritionnels qui ne sont pas de même nature que ceux environnementaux. Il s’agit là, de ce qu’on appelle l’unité fonctionnelle pour l’évaluation de l’impact. Cette définition est la plus courante et objective, mais d’autres unités pourraient être envisagées, qui seraient dans ce cas, beaucoup plus sujettes à caution.