Quand on ne voit pas tout, on ne voit rien.
Consommer des framboises fraîches hors saison revient à multiplier leur impact par 3 voire 5.
Majoritairement importées d’Espagne, par avion du Maroc ou d’autres pays de l’hémisphère Sud, leur présence sur le marché des pays d’Europe du Nord traduit un impact considérable.
Les conclusions de l’analyse de Glimpact, effectuée selon la méthode PEF (adoptée par la CE, la seule objet d’un consensus scientifique), sont issues de données d'un échantillon représentatif de produits couramment observés. Elles ne tiennent donc pas compte des spécificités de conditions ou moyens de production.
En France, la pleine saison des framboises recouvre les mois de juillet à août. Bien qu’il soit possible de trouver des variétés plus ou moins précoces (ou tardives), les framboises du marché en hiver ou au printemps sont bien rarement produites au champ et encore moins en France. Il est donc préférable de garder ce petit plaisir pour l’été. On vous explique pourquoi.
En effet, la présence hivernale dece fruit sur le marché français traduit le plus souvent une importation. Ces framboises proviennent majoritairement de pays où le climat est plus doux et plus compatible avec le bon développement de la plante comme le Maroc ou l’Espagne. Souvent importées par avion, leur bilan est catastrophique. De plus, bien que les conditions soient meilleures dans les pays du Sud, la production sous serre (parfois chauffée) n’est pas exclue et vient encore alourdir l’impact de ces fruits.
Et qu’en est-il des framboises surgelées ? Serait-ce une bonne alternative pour les plus grands fans qui ne pourraient attendre le retour des beaux jours ? Au risque de vous décevoir, ce n’est malheureusement pas la solution idéale puisque 36% des framboises surgelées du marché français proviennent de Serbie, principal fournisseur de la France.
Selon la méthode PEF adoptée par laCE (et la seule qu’elle reconnait à ce jour), l’impact environnemental doit tenir compte de 16 catégories d’impact évaluées tout au long du cycle de vie des produits. Il se définit par un score agrégeant par normalisation et pondération les différents résultats obtenus pour chaque impact et est exprimé en point (Pt) sur une échelle continue. Ce score, le seul éco-score qui vaille, permet de comparer les produits entre eux au sein d’une même catégorie ou de catégories différentes.
Remettons nous-en aux chiffres. On retrouve, dans le graphique ci-dessous, la comparaison de l’impact environnemental global (par kilogrammes) de framboises fraiches (en bleu), produites sous serre chauffée (en orange) ou bien surgelées dans différents pays. L’impact de la consommation de pommes est également proposé en vert.
A quantité équivalente, la framboise hivernale mangée fraîche est 3 à 5 fois plus impactante que la framboise française, produite en saison (champ ouvert).
Au mieux au sens environnemental, la framboise hivernale arrive du Maroc, par avion, où le climat est plus doux et permet d’y produire des framboises sur une période plus large que la courte saison française.
Dans le pire des cas, la framboise arrive de bien plus loin à savoir de pays de l’hémisphère Sud pour lesquels les saisons sont inversées. Pour ce scénario, on constate alors que la majeure partie de l’impact de ces framboises importées provient du transport additionnel (souvent par avion) nécessaire à leur acheminement.
Dans une situation intermédiaire, on retrouve les framboises produites dans un pays frontalier comme l’Espagne, sous serres chauffées. Dans ce cas, près de 50% de l’impact environnemental de la production du fruit est dû à l’énergie nécessaire pour assurer le chauffage des serres à laquelle s’ajoute la production de la structure de la serre (contribution à hauteur d’environ 25%).
Revenons finalement sur les framboises congelées. Importées majoritairement de Serbie, elles sont plus de 2 fois plus impactantes que les framboises de saison. Elles ont un impact plus faible que les framboises fraîches importées d’Espagne, du Maroc, ou de plus loin mais cette vérité est indépendante de la qualité gustative et de l’utilisation du produit.
Le mieux serait finalement d’éviter les framboises en hiver (ou tout produit dérivé de la framboise d’ailleurs).
Il n’y aurait donc pas d’alternative durable… Il ne reste qu’une solution : en attendant que le rose vif des framboises de saison revienne sur le marché, pourquoi ne pas se laisser séduire par le camaïeu de couleurs qu’offre la pomme (fruit d’hiver dont la France est l’un des premiers fournisseurs) ? Son score bien plus faible vous permettrait de réduire l’impact environnemental de votre pause sucrée…
L’impact environnemental calculé ne tient pas compte de la phase d’utilisation (stockage réfrigéré du consommateur, cuisson, lavage des ustensiles et de la vaisselle nécessaire à la préparation). Les résultats ont été rapportés au kilogramme de fruits sans prendre en compte les enjeux nutritionnels qui ne sont pas de même nature que ceux environnementaux. Il s’agit là, de ce qu’on appelle l’unité fonctionnelle pour l’évaluation de l’impact. Cette définition est la plus courante et objective, mais d’autres unités pourraient être envisagées, qui seraient dans ce cas, beaucoup plus sujettes à caution.