Quand on ne voit pas tout, on ne voit rien.
Beaucoup pensent que le poulet est plus impactant pour l’environnement que le thon puisque c’est une viande, qui est bien souvent plus décriée qu’un poisson. Mais ce n’est pas toujours le cas et notamment pour le thon.
Il est vrai qu’en moyenne, et toutes choses étant égale par ailleurs, la viande a un impact deux fois plus élevé que le poisson. Mais ceci n’est, justement pas le cas, lorsqu’on compare le thon avec le poulet. En effet, la production d'un kg de filet de thon albacore (pêché dans le nord-est de l'océan Atlantique) a un impact environnemental environ 2 fois plus important que la production d'un kg de poulet en France.
La pêche au thon, que vous trouvez dans les supermarchés, se pratique généralement de façon industrielle avec de gros chalutiers à cales réfrigérées pour les longues expéditions. L’impact de ces énormes embarcations, ramené à un kg de thon pêché, est finalement plus important que celui d’une exploitation française moyenne de poulet, ramené à un kg de poulet.
Les conclusions de l’analyse de Glimpact, effectuée selon la méthode PEF (adoptée par la CE, la seule objet d’un consensus scientifique), sont issues de données d'un échantillon représentatif de produits observés. Elles ne tiennent donc pas compte des spécificités de conditions ou moyens de production.
Les poissons sauvages sont généralement considérés comme ayant des impacts environnementaux plus faibles que les animaux élevés pour produire de la viande. C’est une idée reçue bien courante, mais qui n’est pas toujours vérifiée, notamment lorsque l’on compare le thon au poulet.
Selon la méthode PEF adoptée par laCE (et la seule qu’elle reconnait à ce jour), l’impact environnemental doit tenir compte de 16 catégories d’impact évaluées tout au long du cycle de vie des produits. Il se définit par un score agrégeant par normalisation et pondération les différents résultats obtenus pour chaque impact et est exprimé en point (Pt) sur une échelle continue. Ce score, le seul éco-score qui vaille, permet de comparer les produits entre eux au sein d’une même catégorie ou de catégories différentes.
Bien que les poissons sauvages ne nécessitent pas d’infrastructure de production comme c’est le cas de la viande animale, la majorité de l’impact environnemental de la production du thon provient des bateaux de pêche ; et notamment du carburant diesel utilisé lors de la pêche en mer ainsi que l’utilisation des équipements réfrigérés des bateaux pour conserver la pêche jusqu’au retour sur terre.
Vous découvrez ci-dessous la comparaison de l’impact environnemental global de la viande de poulet élevé enFrance avec celui du thon albacore nature conditionné en boite pêché au nord-est de l’océan Atlantique.
Pour une quantité équivalente produite, le thon albacore en boîte sera environ 2 fois plus impactant que le poulet. Il convient néanmoins de souligner que les produits comparés ne subissent pas le même type de transformation. En effet, l’un est cuit et l’autre est cru, la comparaison considérée vise en fait à comparer les produits dans l’état où ils sont communément consommés. Or, la cuisson et le conditionnement du thon représentent environ 20% de l’impact environnemental total de celui-ci et ne contribuent en fait qu’à creuser l’écart entre les deux aliments, mais ne changent en réalité en rien à la conclusion finale : le thon est un aliment bien plus impactant pour l’environnement que le poulet.
Finalement, entre poisson et viande, pour minimiser son impact sur l’environnement, la réponse n’est pas toujours le poisson !
L’impact environnemental calculé ne tient pas compte de la phase d’utilisation (stockage réfrigéré du consommateur, cuisson, lavage des ustensiles et de la vaisselle nécessaire à la préparation). Les résultats ont été rapportés au kilogramme viande (thon ou poulet) sans prendre en compte les enjeux nutritionnels qui ne sont pas de même nature que ceux environnementaux. Il s’agit là de ce qu’on appelle l’unité fonctionnelle pour l’évaluation de l’impact. Cette définition est la plus courante et objective, mais d’autres unités pourraient être envisagées, qui seraient dans ce cas, beaucoup plus sujettes à caution.