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Pourquoi l'été, à Madrid, vaut-il mieux manger des tomates françaises ?

La distance entre le lieu de production et le lieu de consommation n’est pas forcément prépondérante dans l’empreinte environnementale des fruits et légumes importés. C’est notamment le cas des tomates.

L’impact environnemental des fruits et des légumes est surtout lié à leurs conditions de culture et de production et le transport, du lieu de production au lieu de consommation, ne représente pas une grande part de l’impact environnemental (à l’exception du cas des fruits exotiques et notamment quand ils sont acheminés par avion). Pour cultiver et produire une tomate, il faut une grande quantité d’eau, entre 30 à 50 litres. Or, l’été, l’Espagne en manque cruellement… ce qui est significativement moins le cas en Belgique ou en France.

Cette différence est très importante, car l’eau est une ressource vitale, aujourd’hui surexploitée et de plus en plus précieuse. La méthode adoptée par Glimpact pour le calcul de l’impact environnemental des produits (s’appuyant sur la méthode PEF adoptée et la seule reconnue par la CE) prend en compte la rareté de l’eau selon la région du globe où celle-ci est consommée. En effet, prélever 1 litre d’eau est nécessairement plus impactant dans une région aride que dans une région humide.

A pratiques agricoles similaires, les tomates belges ou françaises seront significativement moins impactantes que les tomates espagnoles. Comme évoqué ci-dessus, l’empreinte environnementale du transport d’un fruit/légume non-exotique n’est généralement pas prépondérante.

Ainsi, quand on séjourne en Espagne l’été, et que l’on veut manger des tomates, il vaut mieux choisir les tomates cultivées en France ou Belgique.

Les conclusions tirées ici sont issues de résultats moyens à variété et conditions comparables.

Dans l’inconscient collectif, on considère généralement qu’il est important de consommer de la nourriture locale pour réduire son empreinte environnementale. Mais c’est une idée reçue qui est très souvent inexacte : pour avoir une vision globale de l’impact environnemental, tous les impacts environnementaux doivent être considérés et notamment s’agissant des fruits et légumes.

Selon la méthode PEF adoptée par la CE (et la seule qu’elle reconnaît à ce jour), l’impact environnemental doit tenir compte de 16 catégories d’impact évaluées tout au long du cycle de vie des produits. Il se définit par un score agrégeant par normalisation et pondération les différents résultats obtenus pour chaque impact et est exprimé en point (Pt) sur une échelle continue. Ce score, le seul éco-score qui vaille, permet de comparer les produits entre eux au sein d’une même catégorie ou de catégories différentes.

Comme le montre le graphique ci-dessous, en comparant l’impact environnemental global d’un kg de tomates cultivées sous serre non chauffées en France, Belgique et Espagne, la tomate cultivée en Espagne est significativement plus impactante que les tomates cultivées en France ou en Belgique.

Pour comprendre la différence d’impact environnemental global observé par pays de production, il est nécessaire de considérer la répartition de celui-ci dans les différentes phases du cycle de vie. Dans le cas de la tomate, plus de 80 % de l’impact provient de la phase de production agricole.

Le graphique ci-dessous met en évidence les différents facteurs d’impact lors de la phase de production de tomates cultivées sous serre non chauffées en Espagne, France et Belgique. On constate que la consommation d’eau est à l’origine des disparités observées par pays de production.

Ce paramètre contribue fortement à augmenter l’empreinte environnementale des tomates espagnoles face aux tomates françaises ou belges. Dans l’impact environnemental d’une tomate belge, la consommation d’eau ne représente que 1,3 % contre 6,2 % pour une tomate française et 43,8 % pour une tomate espagnole, toutes trois produites dans les mêmes conditions.

L’indicateur de consommation d’eau (EF – Water use) utilisé dans le cadre de la méthode PEF est exprimé en m3d’eau mondiale équivalente. Ce choix de modélisation permet de donner une valeur de rareté à l’eau et de prendre en compte l’impact de sa consommation sur l’écosystème environnant.

Ainsi, d’un point de vue environnemental, 1 m3 d’eau consommé en Espagne sera 56 fois plus impactant que 1 m3 d’eau consommé en Belgique et 11 fois plus impactant que 1 m3 d’eau consommé en France. D’après les données météorologiques, on remarque que la pluviométrie belge est assez stable tout au long de l’année tandis que l’Espagne et la France doivent faire face à des étés plus secs.

Considérons maintenant l’impact de la distance entre le lieu de production et le lieu de consommation des tomates par pays de production.

Les distances considérées sont les suivantes 1315 km de Belgique à Madrid, 1050 km de France à Madrid et 200 km pour les tomates espagnoles du site de production à Madrid. Dans chaque cas de figure, 10 % de pertes au transport ont été considérées.

Les résultats sont donnés sur le graphique ci-dessous :

Même lorsqu’elles sont acheminées jusqu’en Espagne, les tomates belges et françaises restent plus performantes d’un point de vue environnemental que les tomates espagnoles. Le transport considéré dans le cas des tomates belges ne représente que 11% de leur impact total et 9% pour les tomates françaises. L’été, en Espagne, les tomates produites localement sous serre seront, là encore, plus impactantes que les tomates belges ou françaises produites dans les mêmes conditions et acheminées par camion ; la différence d’impact est de l’ordre de 20%.

En conclusion, la distance entre le consommateur et le producteur ne rime pas toujours avec faible impact environnemental.

L’impact environnemental calculé ne tient pas compte de la phase d’utilisation (stockage réfrigéré du consommateur, cuisson, lavage des ustensiles et de la vaisselle nécessaire à la préparation).Les résultats ont été rapportés au kilogramme de tomate fraîche sans prendre en compte les enjeux nutritionnels qui ne sont pas de même nature que ceux environnementaux. Il s’agit là de ce qu’on appelle l’unité fonctionnelle pour l’évaluation de l’impact. Cette définition est la plus courante et objective, mais d’autres unités pourraient être envisagées, qui seraient dans ce cas, beaucoup plus sujettes à caution.

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