Quand on ne voit pas tout, on ne voit rien.

Le saviez-vous ?Transition écologiqueTribunesDossiersGlimpact & Partenaires

Remplacer un emballage secondaire en plastique pour emballer des canettes de bière par du carton, est-ce une bonne idée pour réduire l’empreinte environnementale du produit comme l’affirme Carrefour et Heineken ?

Ce que Carrefour et Heineken affirme comme relevant d’une bonne pratique environnementale, est en réalité une fausse bonne idée : cette décision de la marque Heineken va engendrer une augmentation très significative de l’impact environnemental de cet emballage secondaire, lequel de plus ne représente qu’environ 5% de l’impact total de ce pack de bière... La raison de cette réalité est qu’une quantité plus importante de carton est nécessaire pour emballer six canettes en comparaison de la quantité de plastique initiale.

La vraie transition écologique est une cause trop sérieuse pour prendre le risque des fausses bonnes idées.

Les conclusions de l’analyse de Glimpact, effectuée selon la méthode PEF (adoptée par la CE, la seule objet d’un consensus scientifique), sont issues de données d'un échantillon représentatif de produits couramment observés. Elles ne tiennent donc pas compte des spécificités de conditions ou moyens de production...

Les résultats ci-dessous montrent que, quel que soit le scénario considéré, utiliser un emballage secondaire en plastique a un impact 2 à 12 fois plus faible qu’utiliser un emballage en carton.

Sept scénarios ont été considérés dans cette étude : trois scénarios d’emballage en plastique et quatre scénarios d’emballage en carton, pour intégrer notamment les emballages contenant de la matière recyclée (RC = Recycled content). Pour emballer six canettes en aluminium, il est nécessaire d’avoir une quantité plus importante de carton (23.1g considéré en moyenne dans cet exemple) que de plastique (6.2g en moyenne).

L’analyse suit les règles méthodologiques de la méthode PEF (Product Environmental Footprint) :
- L’ensemble du cycle de vie de l’emballage est pris en compte, c’est-à-dire : la production des     matières premières (granules de plastique ou pulpe de papier, vierge ou recyclé), la production de l’emballage (extrusion du film plastique ou production et découpe du carton), l’impression et la finition, la distribution et la fin de vie de l’emballage.
- Le résultat est l’agrégation des 16 catégories d’impact de la méthode PEF après les étapes     de normalisation et pondération de ces catégories (score PEF exprimé ici en µpts). Plus le score est élevé et plus l’impact de l’emballage est grand.
Ainsi, l’ensemble des catégories d’impact définies par la méthode sont intégrées, notamment l’utilisation des terres, la consommation des ressources en eau, la consommation des ressources fossiles, le changement climatique…
- Les règles méthodologiques du PEFCR Intermediate paper ont été suivies pour calculer l’impact lié à la production du carton.
- Les règles de la CFF (Circular Footprint Formula, formule de fin de vie recommandée par la     méthode PEF) sont considérées pour la prise en compte de la fin de vie des matières : le recyclage, l’incinération et la mise en décharge des emballages sont intégrés. En particulier, les taux de recyclage/d’incinération/de mise en décharge sont spécifiques à la matière et au pays. Dans le scénario de fin de vie européen considéré ici, le taux de recyclage du carton est de 75% et le taux d’incinération de 11% alors que pour le plastique les facteurs sont respectivement 29% (recyclage) et 32% (incinération), le reste étant mis en décharge.
- La base de données utilisée est la base de données mise à disposition par la Commission     Européenne (LCDN = Life Cycle Data Network nodes).

L’emballage en plastique considéré dans cette étude est un mélange de granules de LDPE (Polyéthylène basse densité), HDPE (Polyéthylène haute densité) et de LLDPE (Polyéthylène basse densité linéaire), avec une intégration à 0, 50 ou 100% de matière recyclée. Dans le scénario 1, un mélange de LDPE, LLDPE et d’encre est considéré. Dans le scénario 2, un mélange de LDPE, LDPE recyclé, HDPE, LLDPE et de l’encre est considéré. Dans le scénario 3, un mélange de LDPE, HDPE, LLDPE recyclés et de l’encre est considéré. Les étapes d’extrusion, d’impression et de finition sont considérées.

La production de l’emballage en carton comprend les étapes de production de la pâte à papier, son transport, la production du carton et la fabrication de la boîte en carton. La pâte à papier est dans le scénario initial considérée à 60% comme étant de la pâte kraft blanchie de feuillus et à 40% pâte kraft blanchie de résineux. Les données pour la production du carton sont issues d’une étude de KCL (The Finnish Pulp and Paper Research Institute). Pour la fabrication de la boîte, les données d’activités proviennent d’une moyenne de six producteurs suisses. Dans le scénario minimal, la pâte à papier est 100% recyclée et de l’énergie verte est considérée dans l’usine de production du carton. Dans le scénario maximal, la pâte à papier est produite en Amérique du Nord et les consommations dans les usines sont légèrement augmentées.

Les hypothèses pour le scénario de distribution, entre l’usine de production de l’emballage et l’utilisateur de l’emballage, sont identiques pour le plastique et pour le carton : le scénario intracontinental du PEF (130km de camion, 240km de train et 270km de bateau). Une fin de vie européenne de l’emballage est considérée dans les deux cas, avec les paramètres de la CFF (Circular Footprint Formula) précisés précédemment.

Si nous comparons l’impact d’un kilogramme de matière, le plastique est parfois plus impactant que le carton, selon le scénario considéré. Par exemple, le carton dans le scénario initial européen a un impact environnemental global de 190 µpts/kg. Le film plastique imprimé avec 0% de matière recyclé a quant à lui un impact est de 255 µpts/kg. Or lorsque nous ramenons à la fonction d’emballage des six canettes, il est préférable de choisir le film plastique, qui a un impact environnemental de (6.2g/packaging /1000) x 255 µpts/kg = 1.6 µpts/packaging au carton qui a un impact environnemental de (23.1g/packaging /1000) x 190 µpts/kg = 4.4µpts/packaging.

Ces conclusions restent identiques lorsque les résultats sont regardés sous le spectre du changement climatique.

Ainsi, adopter le carton ne réduit donc pas l'impact environnemental de l’emballage secondaire mais au contraire l'accroît, notamment par le fait qu’une quantité plus importante de matière est utilisée. De plus, l’impact environnemental de l’emballage secondaire contribue pour moins de 5% de l'empreinte d’un produit Heineken(product calculated on the basis of the representative products of the specific category reference defined in the framework of the PEF method, the PEFCR Beer).

Les résultats ont été rapportés à la fonction d’emballage secondaire de six canettes de bière. Il s’agit là, dece qu’on appelle l’unité fonctionnelle pour l’évaluation de l’impact.

Tous les dossiers

Pourquoi, sur le plan environnemental, le plus important dans un yaourt est : ce que la vache a mangé ?

Lire l'article

Remplacer un emballage secondaire en plastique pour emballer des canettes de bière par du carton, une fausse bonne idée ?

Lire l'article

Pourquoi, si vous mangez une pizza 4 fromages, votre match de foot aura-t-il plus d'impact sur l'environnement que si vous mangiez une pizza 4 saisons ?

Lire l'article

Pourquoi le thon, d'un point de vue environnemental, est-il moins bon que le poulet ?

Lire l'article